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Quelle insertion de l'Afrique
dans les réseaux mondiaux ?

Une approche géographique

par Annie Chéneau-Loquay,
texte mis à jour : novembre 1999


Introduction sur les NTIC en Afrique

Le service de base : état des lieux cartographique et perspectives des télécommunications

Nouveaux réseaux, nouveaux marchés, nouveau sésame pour le développement ?

Conclusion : quels usages, quels risques ?

Annexe

Références


Résumé:
Le contexte global d'un développement lacunaire où coexistent des zones urbaines, connectées à des réseaux matériels modernes et des zones rurales isolées et dépendantes des énergies locales renouvelables, reflète en Afrique la prolifération du secteur informel dans des territoires mal contrôlés par les Etats. Cette situation est elle un atout ou un handicap pour l'insertion des NTIC ? Une approche cartographique des services de base en télécommunications donne une vision à la fois globale et comparative des équipements en la matière ; elle fait apparaître la diversité des situations selon les pays et au delà, les caractères communs à des ensembles plus vastes. Les nouveaux réseaux, cellulaire et Internet, réalimentent le mythe de la technologie moteur du développement social, et sont au coeur des processus de privatisation. La "dématérialisation" de ces systèmes, leur mobilité peut être un avantage particulier en Afrique : les téléphones cellulaires se sont développés d'abord dans des pays mal structurés comme le Zaïre.
Dans presque quinze pays les activités de service Internet se développent à un rythme inédit. Mais ces technologies ne risquent-elles-elles pas d'accentuer la tendance à la "dualisation des territoires” et à l'affaiblissement des Etats ? la question de leurs formes de régulation en relation avec l'équité socio-spatiale est fondamentale.

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Introduction

Si l'on se place à l'échelle mondiale, étant donné la rapidité du développement de l'usage des nouvelles technologies de l'information et de la communication, - c'est-à-dire "tous les grands systèmes informatisés de télécommunications et de gestion de données et d'informations, publics ou privés, qui s'adressent aux entreprises ou aux individus" (Gene Roechlin, 1995) -, l'Afrique apparaît relativement peu équipée et l'écart se creuse avec les pays les plus avancés. Par contre, à l'échelle du continent, le développement de ces outils s'est accéléré depuis deux ans et provoque désormais une guerre des prix entre fournisseurs de services. A la fin de l'année 1998, 49 des 54 pays et territoires africains avaient un accès complet à l'Internet. En mai 1999, seuls le Congo (Brazzaville)l'Erythrée et la Somalie n'en avaient pas encore.(voir carte 7, carte 8 et carte 9).

Dans une quinzaine de pays connectés, les activités de service se développent à un rythme inédit Le courrier électronique fait l'objet d'un véritable engouement avec par exemple plus de 10 % de progression mensuelle des utilisateurs au Mali et au Sénégal en 1997-1998, des utilisateurs qui ne sont plus seulement des étrangers ou des chercheurs relevant d'organismes internationaux ou d'ONG reliées au Nord mais aussi de petits entrepreneurs.

Parallèlement, les accès à la télévision par satellite se multiplient dans les grandes villes, tout particulièrement grâce à l'utilisation du système MMDS (micro wave multichannel, distribution system) moins coûteux (et plus esthétique) que les paraboles et qui peut permettre l'accès à une trentaine de chaînes1. L'explosion de la demande en téléphone mobile a surpris tous les opérateurs. Comme en Asie, les privilégiés acquièrent un téléphone cellulaire, signe de distinction par excellence mais outil fort prisé en situation de pénurie de lignes classiques (carte 6 téléphones cellulaires).

Cette insertion dans le système mondial de l'information suscite l'immense espoir d'accomplir un saut technologique qui contribuerait à résoudre les problèmes de développement. Mythe de la technologie toute puissante ou formule magique pour que l'Afrique sorte du sous développement, la question est d'actualité et la controverse vive, comme en témoignent les débats sur différents forums2.

Une modernisation paradoxale qui met en question le rôle de l'État

Pour en comprendre les enjeux, la question des réseaux de communication doit être située dans le contexte global d'une modernisation paradoxale.

L'Afrique se trouve dans les mailles interstitielles d'un système mondialisé et mondialisant qui repose aujourd'hui sur l'économie libérale, sur l'interconnexion de grands systèmes techniques et où la maîtrise de l'information joue un rôle essentiel. Aux deux extrêmes se situent les Nords, USA, Europe et Japon hypermédiatisés et imbriqués dans des réseaux complexes et au sud des Suds l'Afrique des villages, des villes champignons, qui échappe en partie à la structuration de l'espace et de la société par les réseaux techniques mais où par contre les réseaux sociaux jouent un rôle déterminant.

L'évolution de la plupart des pays africains aujourd'hui semble se distinguer de celle du monde développé ou des NPI : alors que l'informatisation, qui traduit l'emprise des réseaux interconnectés sur les individus et sur les territoires se développe dans les univers des Nords, en Afrique, les réseaux qui structurent les territoires sont le plus souvent mal entretenus, et mal contrôlés. Branchements pirates, disparitions des débiteurs, défauts d'approvisionnement en pièces détachées ou en combustibles, pannes multiples sont le lot habituel de l'habitant des Suds. Activités formelles et informelles s'imbriquent. Avec des systèmes d'enregistrement des personnes et des biens défectueux, les fraudes sont facilitées et l'État éprouve des difficultés pour assurer ses fonctions de contrôle et de gestion du territoire. Il en résulte une hétérogénéité spatiale entre des zones urbanisées raccordées aux réseaux modernes, routes bitumées, lignes électriques et téléphoniques et d'autres à l'écart où l'on circule sur de mauvaises pistes où les activités sont tributaires des énergies locales, celles des hommes et de la biomasse. Cette dualité, obstacle de fond pour le développement, est très peu prise en compte dans les projets où on ne perçoit pas le rôle fondamental d'infrastructures et d'équipements interconnectés, en tant que système nerveux d'un territoire 3(carte 2 inégalités villes campagnes).

Cependant, alors que dans les pays développés l'éviction des systèmes d'enregistrement est synonyme d'exclusion sociale (la perte de domicile suit la coupure d'électricité et la perte de la carte bancaire), en Afrique, c'est la grande majorité de la population qui vit hors du secteur enregistré dans le secteur dit "informel". Mais cette exclusion de l'univers de la légalité a aussi des aspects positifs en permettant d'échapper à l'emprise d'États trop souvent prédateurs sans empêcher, bien au contraire, un dynamisme relatif4 des activités fondées ici bien davantage sur les réseaux sociaux que sur des politiques publiques d'aménagement du territoire5.

Dans un tel contexte pour enrayer la dégradation progressive des services collectifs, pour créer et entretenir les infrastructures et les équipements (routes, télécommunications, réseaux divers), qui permettent d'être reliés au "système monde"6, il est fait appel aux financements extérieurs dans le cadre de projets. De plus, depuis une quinzaine d'années les politiques d'ajustement structurel mettent en oeuvre le désengagement de l'État et la privatisation de l'économie. Dans le passage d'une économie encadrée à une économie libéralisée l'interaction entre acteurs publics et privés est au centre des débats sur les télécommunications. Les NTI et notamment l'Internet sont souvent utilisées comme argument en faveur de l'accélération des réformes. Les grands bailleurs de fonds affichent désormais une extrême sensibilité à ce domaine d'activité mais les actions concrètes de grande envergure se font attendre.

La dérégulation liée à la libéralisation favorise la concurrence entre de nouveaux opérateurs plus petits qui sans grands investissements cherchent les meilleures opportunités de gains.

Dématérialisation, délocalisation, est-ce un atout ?

Si la libéralisation des économies semble favoriser l'implantation des nouvelles technologies, un autre caractère essentiel peut être un atout en Afrique plus qu'ailleurs : la dématérialisation de ces systèmes sans fil, à faible besoin énergétique, le fait qu'ils puissent s'affranchir d'un approvisionnement électrique centralisé en utilisant davantage l'énergie solaire. Le phénomène n'est pas nouveau. On sait les espoirs qu'a suscités la radio éducative dans les années soixante-dix et les radios libres qui se développent aujourd'hui avec la libération des ondes. La radio très écoutée en Afrique, peut jouer un rôle considérable comme instrument politique comme l'a montré récemment le cas du Rwanda et auparavant celui de la Guinée ou Sékou Touré, leader charismatique a tenu son pays par l'immatériel, par le verbe, en utilisant la radiodiffusion à des fins de propagande quotidienne nationaliste et "anti impérialiste", alors que son pays était isolé du monde occidental, sans cadres, sans techniciens efficaces, et que les infrastructures matérielles ne pouvaient plus être entretenues faute de financements et de formation des hommes7.

Aujourd'hui, il suffit d'un petit capteur solaire pour alimenter une station téléphonique, une parabole et recevoir les programmes de télévision et Internet. C'est le paradoxe de quelques villages reliés aux satellites mais sans route correcte d'accès et où les femmes continuent à porter le bois sur la tête. Il est significatif que les téléphones cellulaires se soient développés d'abord dans des pays mal structurés, et mal contrôlés par l'État, comme l'ex Zaïre, parmi les couches de population les plus aisées et désormais chez les grands entrepreneurs et commerçants internationaux qui animent de puissants réseaux économiques et sociaux transfrontaliers et souvent illégaux.

Cette modernisation "paradoxale", ces signes d'une "réinvention du capitalisme" (Bayart 19948), cet "assouplissement" des espaces africains plus aptes à la vie de relation qu'à la production (Durand, Levy, Retaillé, 19939) sont ils véritablement un atout ou un handicap pour l'implantation des NTIC ? Le mythe de la technologie toute puissante, moteur du changement social et économique, qui accompagne chaque avancée technologique10 est renforcé aujourd'hui par la transparence et l'ubiquité attribuées aux nouvelles technologies de la communication.

L'analyse de l'insertion de ces techniques doit se placer dans l'épaisseur du tissu socio-territorial en travaillant à plusieurs échelles, la maille la plus large faisant apparaître les processus tels qu'ils opèrent au niveau mondial, la maille la plus fine descendant au niveau des groupes d'individus.

Dans cette démarche, la question des relations entre l'État et son territoire est centrale. La conception traditionnelle du territoire comme étendue limitée où s'exerce un pouvoir de contrôle et d'aménagement, déjà contestée par le "régionalisme trans-étatique" et le dynamisme des réseaux sociaux11, ne sera-t-elle pas battue en brèche encore davantage par l'insertion de cette innovation que constituent les NTIC qui se jouent du carcan géographique et politique de la nation. A l'extrême, peut on se passer de l'État dans le processus de mondialisation dont les techniques de communication sont les vecteurs ? Avec quelles formes de recompositions socio-spatiales ?

Cette approche géographique globale au niveau du Continent, fait partie d'un programme plus approfondi sur les modes d'insertion et d'utilisation des technologies de la communication en Afrique à différentes échelles, du mondial au local, chacune d'elles faisant apparaître des points de vue différents (voir plus loin notre texte sur les usages des commerçants du Sénégal12).

Dans une première partie, les cartes donnent une vision à la fois globale et comparative du service de base, le téléphone fixe ; elles font apparaître la diversité des situations selon les pays et au delà, les caractères communs à des ensembles plus vastes ; ainsi, l'importance des télécommunications internationales dans une région est un indicateur du degré d'intégration ou d'extraversion de celle ci.

Les opérateurs historiques sont incités par les organismes internationaux à privatiser les télécommunications mais hésitent à abandonner un secteur très profitable pour l'État. Les nouveaux réseaux se développent à un rythme très différent selon l'intérêt que présentent les pays pour les investisseurs. Une deuxième partie présente l'évolution du téléphone cellulaire et d'Internet qui suscitent un véritable engouement. Au sud du Sahara dans tous les domaines; réseaux anciens ou nouveaux réseaux, l'Afrique du Sud se distingue par la supériorité de ses équipements et possède donc des atouts pour jouer un rôle de leader sur le continent.

En perspective, l'apparition, depuis novembre 1998 des réseaux mondiaux de télécommunication par satellites basse orbite de type Iridium ou Globalstar peut entraîner la déstabilisation des opérateurs historiques de télécommunication et conduire au contournement du territoire de l'État avec des conséquences positives - le libre accès aux réseaux de données mondiales - mais aussi négatives avec le risque d'une démission au niveau de la maîtrise technologique et de la production de contenus.

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Le service de base : état des lieux cartographique et perspectives des télécommunications

Les innovations technologiques, la baisse des coûts, l'explosion de la concurrence bouleversent le monde des télécommunications. Cette nouvelle donne impose des modifications législatives et réglementaires à tous les pays. (voir le texte de Jean Marchal). Comment l'Afrique va-t-elle affronter le choc de l'ouverture totale du secteur à la concurrence mondiale qui se produit aujourd'hui et avec quelles conséquences ?

L'équipement est un enjeu de taille qui maintient l'Afrique dans une situation marginale. Les changements technologiques rapides, la faiblesse des budgets, la globalisation et la compétition féroce forcent les gouvernants africains à des choix drastiques. Pour améliorer les réseaux internationaux, faut-il investir dans les câbles sous marins à fibres optiques ou doit-on focaliser l'effort sur les satellites de type Iridium ou Inmarsat ? Pour améliorer le service, faut-il introduire la concurrence dans le secteur et comment ? En associant l'opérateur historique avec un partenaire stratégique ou en offrant des licences aux compagnies privées d'opérateurs de cellulaire ? Comment répondre aux besoins de la majorité de la population, pauvre, rurale et illettrée ?

Des réseaux matériels inefficaces

Les réseaux téléphoniques classiques, filaires, en Afrique souffrent pour la plupart des mêmes maux que les autres réseaux matériels ; ils sont mal répartis, discontinus avec un service de qualité médiocre à des coûts extrêmement élevés, mais depuis deux ans, les gouvernements semblent avoir pris conscience des enjeux liés aux télécommu-nications.

Selon les statistiques de l'Union Internationale des Télécommu-nications (UIT), avec 20 % de la population mondiale, l'Afrique ne compte que 2 % du réseau planétaire avec une densité globale très faible; moins de deux lignes pour 1 000 habitants en moyenne (contre 48 en Asie, 280 en Amérique, 314 en Europe - Est et Ouest - et 520 pour les pays à hauts revenus). Il est classique de dire qu'il y a autant de téléphones à Tokyo ou à Manhattan que dans toute l'Afrique sub saharienne.

Une télédensité très inégale mais en croissance (Carte 1)

A l'échelle du continent, on voit se dessiner trois ensembles différents :

- les pays du Maghreb et l'Afrique Australe qui comptent autour de 45 lignes13 pour 1 000 habitants : 56 en Egypte, 101 en Afrique du Sud, 48 au Botswana ;

- l'arc du vide, de la Guinée aux pays intérieurs du Sahel et au bassin du Congo très faiblement équipés avec moins de 2,5 lignes pour 1 000 habitants ;

- les pays côtiers à l'Ouest et à l'Est qui, à l'exception de la Guinée, du Liberia et de la Somalie, comptent pour la plupart entre 2,5 et 10 lignes, le Sénégal et le Gabon seuls se situant au dessus, avec respectivement 13 et 32 lignes.

Depuis 1990, la situation s'est globalement améliorée. La croissance en équipement est plus forte que dans les pays européens (5,7 % contre 4,1 % par an). Elle concerne surtout les pays déjà les mieux équipés (notamment l'Afrique du Nord). Des pays de petite taille s'équipent plus vite, Cap Vert, Gambie, Ile Maurice, avec autour de 20% de croissance de la télédensité en moyenne annuelle de 1990 à 1996. Togo, Bénin autour de 15. Mais le Botswana, le Cameroun, le Sénégal plus vastes ont connu plus de 10 % de croissance. Les pays de la façade Est se distinguent par contre par la quasi-stagnation de l'équipement : Kenya 2 %, Tanzanie 1 %, Mozambique 0,1 %. Les pays où le nombre de lignes a même parfois diminué entre 1990 et 1996 sont ceux où l'État contrôle mal son territoire ; pays en guerre, Liberia, - 13,5 %, Somalie - 2 %, Angola - 6,4 %, ex Zaïre. En Guinée, pays confronté à une difficile reconstruction l'équipement a repris plus 1,6 % ca qui n'est pas le cas de Madagascar, moins 1,5 %.

Un poids démesuré des zones urbaines (carte 2)

A l'échelle nationale, la répartition des lignes entre villes et campagnes n'a pas évolué depuis 1994. La proportion des lignes de la ville principale par rapport à sa population fait apparaître le poids démesuré des zones urbaines et le sous équipement des zones rurales. Mais là encore, au sud du Sahara l'Afrique australe se distingue avec une meilleure répartition de la population et de l'équipement ; moins de 50 % des lignes dans la première ville qui représente moins de 10 % de la population. Par contre, la distorsion est accentuée dans les pays les plus pauvres.

Proportion des lignes dans les capitales par rapport au nombre total de lignes
Asmara (Erythrée)
Bissau
(Guinée Bissau)
Bangui (Centrafrique)
Freetown
(Sierra Leone)
Bujumbura (Burundi)
N'Djamena (Tchad)
97,3 %
96,8 %
91,5 %
88,5 %
87,8 %
82,4 %

Source : UIT, indicateurs 1998

La qualité du service est aussi un indicateur important de la situation téléphonique. Ainsi, les dysfonctionnements sur le continent sont beaucoup plus nombreux qu'ailleurs: pour plus de 100 dysfonctionne-ments par an et par ligne en Afrique, on en trouve 47,9 en Amérique, 26,7 en Asie, 18,7 en Europe et 42,2 en Océanie. En outre, il est difficile d'obtenir une ligne : il faut en moyenne 4,6 ans pour s'en faire ouvrir une. Le délai est supérieur à dix ans dans certains pays (Ethiopie, Tchad, Ghana, Malawi, Mozambique, Zimbabwe). Les lignes sont les plus sous-exploitées du monde, et les compagnies souvent mal gérées et en sureffectifs.

Il existe cependant des exceptions remarquables et, certains pays bien équipés en matière d'infrastructures ont amélioré la gestion des services et la couverture du territoire. Le Botswana et le Sénégal par exemple utilisent des réseaux numérisés à fibres optiques.

Le réseau sénégalais est presque entièrement composé de câbles en fibres optiques. Ce pays a franchi en 1998 le seuil des 100 000 lignes, avec 105 000 lignes principales, portant sa télédensité à 13 lignes principales pour 1 000 habitants. Le Sénégal est de très loin le pays africain qui compte le plus grand nombre de lignes publiques : 6,17 % du total des lignes contre 2,60 en Afrique du Sud, 2,90 au Swaziland. 70 % des habitants sont désormais accessibles par téléphone grâce à la prolifération des télécentres publics, des concessions accordées à des personnes privées par l'opérateur national qui ont généré la prolifération de petites boutiques jusque dans les bourgs ruraux. Le critère d'accessibilité a été retenu pour équiper le territoire (voir plus loin notre texte sur les échanges).

L'accessibilité : un meilleur critère

Le critère international pour comptabiliser l'équipement téléphonique par rapport à la population, la télédensité, n'est pas un très bon indicateur en Afrique pour exprimer le service rendu ; il faudrait raisonner en terme de zones de desserte, d'accessibilité des populations en fonction de la distance par rapport aux postes téléphoniques pour ce qui concerne la majorité de la population, celle qui vit dans les quartiers défavorisés des grandes villes et surtout dans les zones rurales (plus de 70% de la population africaine). En outre, si la télédensité ne tient pas compte de la répartition géographique de la population, elle ne reflète pas non plus les formes d'usages qui différent de ceux des pays développés. Une ligne domestique sert au delà de la famille qui est abonnée et à l'inverse une ligne publique est souvent utilisée par les abonnés pour appeler à l'étranger. Un effort important est fait sur les postes publics, au Maroc, en Afrique du Sud, au Sénégal ; reste posée la question de la téléphonie rurale; qui divise les bailleurs de fonds : faut-il laisser agir le marché, c'est la position de la Banque Mondiale, faut-il défendre le principe de l'accès universel et d'un service public mais qui en supportera les coûts, quel sera le rôle des parties prenantes, peut-on mettre en place des systèmes de péréquation entre zones riches et zones pauvres ?

Comment le service de base va t- il évoluer dans les pays les plus pauvres alors que l'importance du PIB et la télédensité sont en étroite relation ? Les deux cartes qui comparent PIB et télédensité (carte 3) mettent en évidence une forte corrélation entre la richesse produite dans un pays et l'état du service de base en télécommunications : on retrouve pour les deux indicateurs au niveau inférieur les pays enclavés, quatre pays sahéliens Mali, Niger, Tchad, Soudan et l'ex Zaïre et aussi la Somalie tandis que la corrélation est moins étroite pour les pays anglophones de l'Est.

Force du trafic international et faiblesse du trafic inter-africain (carte 4)

La faiblesse du trafic téléphonique interafricain reflète la faible intégration entre les économies du Continent du moins sur le plan formel et l'extraversion de ces pays très liés aux Nords. Cet état de fait n'a pas évolué depuis 1994. Il est significatif de remarquer que c'est en Afrique de l'Ouest que les relations téléphoniques entre les pays sont les plus faibles alors que les échanges commerciaux interfrontaliers réaliseraient au quotidien une intégration "par le bas".

L'Afrique se distingue par un niveau moyen du trafic international sortant, parmi les plus élevés du monde (75 mn par an et par abonné en France, 200 en Afrique) avec de profondes disparités. Ce phénomène peut être interprété de différentes manières. Il exprime :

- d'abord l'importance de la demande non satisfaite, la rareté des lignes rendant leur utilisation plus intense ;

- le choix d'équiper une clientèle solvable qui téléphone davantage à l'extérieur, poids des organismes internationaux, des ONG étrangères ; mais aussi :

- l'importance des migrations internationales et l'ouverture voire l'extraversion des économies.

Il est malaisé de déterminer lesquels de ces facteurs sont prépondérants, on peut cependant au vu de la carte remarquer des différences ou des similitudes significatives entre les pays.

Mis à part le Maghreb, la carte fait apparaître de ce point de vue là encore quatre ensembles différents avec un clivage entre pays anglophones et francophones.

L'Afrique australe se distingue par l'importance du trafic interafricain dans le trafic international, ce qui est un indicateur d'une réelle intégration régionale autour de l'Afrique du Sud et aussi peut être le reflet d'un long isolement par rapport à la communauté internationale. Le contraste est particulièrement frappant entre l'Afrique du Sud et la Namibie ou l'international se situe à un faible niveau relatif (45 mn). Les durées particulièrement élevées au Swaziland (un extrême de 1 240 mn par habitant) et au Lesotho (945 mn), deux pays où la densité téléphonique est relativement forte, s'expliquent par la part prédominante des communications interafricaines (plus de 80 %) qui sont en fait des relations de proximité pour ces pays enclavés très dépendants économiquement de l'Afrique du Sud. A un moindre degré, la Zambie, le Zimbabwe, le Malawi et même le Mozambique lusophone se situent aussi dans l'orbite de l'Afrique du Sud avec une part des communications interafricaines dans l'international qui dépasse les 50 %. Il est à noter que l'Angola lusophone, en proie à une guerre larvée depuis trente ans, fait exception dans la région en ayant peu de relations avec d'autres pays africains.

Un deuxième ensemble comprend sept pays d'Afrique de l'Est et l'ex Zaïre, où le trafic international est le plus faible du Continent. La Tanzanie, le Burundi, le Rwanda, l'Ouganda, l'Ethiopie, l'Erythrée, le Kenya sont les pays les plus pauvres d'Afrique, avec un PIB inférieur à 250 $ par an en 1996 et donc ceux qui entretiennent le moins de relations avec l'extérieur. Quant à la République démocratique du Congo, les installations sont dans un tel état d'obsolescence que le système filaire est laissé à l'abandon au profit de la téléphonie cellulaire dont ce pays fut l'un des pionniers (voir carte 5).

Les pays d'Afrique de l'Ouest ont un trafic international situé entre 200 et 600 minutes avec une distinction entre les pays enclavés, Mali, Niger, Burkina et le Bénin avec environ 50 % du trafic orienté vers les autres pays africains et les pays côtiers de la façade Ouest, l'ensemble guinéo-sénégambien où les relations interafricaines sont inférieures au quart des communications internationales.

Au Burkina (75 % de trafic interafricain en 1994 et 55 % en 1996) dominent les communications avec la Côte d'Ivoire liées à la présence de nombreux migrants. La Mauritanie et le Mali ont les trafics internationaux par abonné les plus élevés d'Afrique de l'Ouest comparables à ceux du Gabon et du Cameroun. Mais au Mali et aussi au Niger la part interafricaine est forte, en relation avec les migrations de travailleurs vers les pôles d'attraction nigérian et ivoirien. Le Bénin "Etat entrepôt" par rapport au Nigeria14 et le Togo ont des liaisons interafricaines beaucoup plus denses que le Nigeria et aussi le Ghana, ce qui est plus difficile à interpréter pour un pays de taille pourtant comparable, avec aussi un commerce transfrontalier conséquent ?

Les pays de la façade Ouest, de la Mauritanie au Ghana sont ceux qui entretiennent le moins de relations téléphoniques entre eux et avec les autres pays africains alors que leur trafic international se situe dans la moyenne autour de 300 minutes par abonné. Comment l'expliquer ? La mauvaise qualité des réseaux techniques, routiers, électriques, téléphoniques qui entrave les communications joue sans doute, sauf pour ce qui concerne le téléphone au Sénégal bien pourvu en télécentres. Pourtant, il existe d'actifs échanges transfrontaliers et les chercheurs ont identifié un "sous espace Ouest tourné vers la mer" qui comprend le sud de la Mauritanie, le Sénégal, la Gambie, les deux Guinée et le sud du Mali où les commerçants jouent des différences et des variations des politiques de prix entre les pays pour diffuser du riz importé depuis les ports au détriment de plus en plus des productions locales15. Mais on ignore très largement l'ampleur de ce trafic de la denrée alimentaire de base, a fortiori donc celle d'autres denrées. Si le fonctionnement des réseaux marchands, sur le mode formel et informel à la fois, commence à être étudié, leur supports matériels et leur logistique reste très largement méconnus.


Des tarifs élevés (carte 5)

Avec les insuffisances de l'équipement, le coût des communications peut expliquer en partie cette faiblesse relative du trafic. Un des paradoxes de l'Afrique réside dans le fait que les tarifs des télécommunications y sont très élevés alors que la population est globalement très pauvre. 60 % des recettes proviennent des appels internationaux et la part des revenus du secteur des télécommunications dans le PIB est beaucoup plus importante qu'ailleurs.

Mais une approche trop globale masque la diversité des situations que la carte fait clairement apparaître.

Le coût de la communication locale pour trois minutes est relativement faible dans les pays du Maghreb au Soudan en Ethiopie et en Afrique australe, à l'exception de la Zambie, moins de 0,05 $, (soit 0,27 F français) ; des tarifs beaucoup moins élevés que dans la plupart des pays développés (0,14 $ en France). En Afrique de l'Ouest les tarifs sont nettement plus élevés avec un maximum au Nigeria, 0,26 $, un minimum au Cameroun de 0,08 et au Sénégal, 0,10. Ces tarifs représentent déjà en eux mêmes un coût élevé pour la majorité des ménages, auquel s'ajoute le prix de l'abonnement.

La mise en relation du tarif des abonnements avec le PIB par habitant fait apparaître des distorsions dans quelques pays. Le Tchad conjugue rareté des lignes, tarifs forts et abonnements très élevés par rapport à un niveau de vie très bas (PIB inférieur à 250 $). Le Soudan par contre ainsi que le Mozambique ont des abonnements très chers alors que les coûts des communications sont plutôt bas. La plupart des pays relativement bien équipés au Nord et au Sud ont su conjuguer des coûts de l'abonnement et de la communication plus raisonnables en fonction de leurs niveaux de vie. L'Afrique de l'Ouest et du Centre se situent dans une position intermédiaire.

On comprend, au vu de ces chiffres, la réticence des États vis-à-vis de la privatisation des sociétés qui leur enlève une ressource essentielle. Le coût excessivement élevé du service est un obstacle au développement des communications mais les récentes ouvertures à la concurrence montrent qu'une brèche est ouverte qui permet à de nouveaux opérateurs de service de s'introduire sur les marchés. Prenant argument des prévarications, la Banque Mondiale pousse à une ouverture totale des marchés de télécommunications en Afrique mais l'installation de téléphones cellulaires intéresse davantage les sociétés privées que la reprise de sociétés nationales souvent inefficaces et obsolètes.

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Nouveaux réseaux, nouveaux marchés, nouveau sésame pour le développement ?

Le développement des "nouvelles" technologies de l'information pose indéniablement un défi dans la mesure où elles diffèrent profondément des réseaux matériels de communication sur lesquels s'est fondé le développement industriel. Gene. I. Rochlin montre qu'elles modifient profondément les règles de fonctionnement des sociétés et des territoires16. De par leur nature, elles changent simultanément les lois de fonctionnement, la répartition des responsabilités et des pouvoirs. Ces systèmes présentent des affinités avec les réseaux sociaux supports des grands courants d'échanges trans-africains. Ils sont : - intrinsèquement transfrontaliers alors que les réseaux traditionnels étaient conçus à un niveau national ou régional ; - différenciés horizontalement avec de fortes relations entre systèmes plutôt que différenciés verticalement et faiblement reliés ; - obéissant autant à des règles d'auto-organisation qu'à des règles de conception centralisée ; - caractérisés enfin par la diffusion du pouvoir de gestion et de commandement au lieu d'une concentration de ce pouvoir au sein d'une organisation hiérarchisée (Rochlin G.I., 1995).

Dans la "rugosité" des territoires africains, quelles seront les conséquences de tels changements ?

Une priorité, mais comment procéder ?

Le rôle du facteur technologique dans le développement, souvent éludé dans les années quatre-vingt avec les premiers programmes d'ajustement structurel, semble reprendre de l'actualité à propos des technologies de l'information et de la communication, qui seraient par nature radicalement nouvelles et portent tous les mythes du post modernisme, liés a l'abolition des distances et du temps. Déjà dans les années soixante / soixante-dix, la télévision éducative a illustré la croyance occidentale selon laquelle la technologie permet de résoudre nombre de problèmes et de "brûler les étapes" pour rattraper les pays riches17. Il en est à nouveau question aujourd'hui mais dans la perspective dominante de la concurrence marchande sous prétexte de mondialisation obligatoire.

A peu près tous les grands organismes internationaux, de l'ONU ou de Coopération régionale ont revu leurs politiques sous l'angle d'une priorité à accorder aux NTIC. Des réseaux de communications corrects, une connectivité à Internet et des contenus innovants sont proclamés comme cruciaux pour le développement de l'Afrique, mais comment procéder ?

Pour inciter les Etats à s'engager dans les réformes, ces organismes ont développé un discours utopique sur la révolution du troisième millénaire, dans la ligne de certains auteurs médiatiques et tout d'abord de celui du vice-président des Etats-Unis, Al Gore, sur une infrastructure globale de l'information18. Parmi plusieurs exemples, celui du Coordonnateur Mondial des Pôles Commerciaux des Nations-Unies est très caractéristique, il s'agit de saisir rapidement les nouvelles opportunités sous peine d'être englouti : "L'économie mondialisée génère de nouveaux mécanismes d'exclusion. Pour combattre ou limiter leurs effets, il convient de s'attaquer non aux manifestations de l'inéquité mais à sa source. Dans un monde où la compétitivité des entreprises et des économies nationales se fonde de plus en plus sur une base servicielle (et non plus manufacturière ou de produits de base), l'Afrique semble a priori plus mal partie que jamais. Un élément nouveau est toutefois venu bousculer les équations traditionnelles du développement inégalitaire : le paradoxe des technologies de l'information, dont le coût n'a cessé de diminuer à mesure que croissait son importance stratégique et sa puissance. La possibilité d'un véritable "bond en avant" est désormais une réalité à portée de main des économies africaines" (Bruno Lanvin19).

Dans la même veine, la Banque Mondiale dramatise le propos pour inciter à "la révolution de l'information qui offre à l'Afrique une opportunité dramatique de bondir dans le futur, de rompre des décades de stagnation et de déclin. L'Afrique doit saisir rapidement cette chance. Si les pays africains ne parviennent pas davantage à tirer avantage de la révolution de l'information et à surfer sur la grande vague du changement technologique, ils seront submergés par elle. Dans ce cas, ils risquent d'être encore plus marginalisés et économiquement stagnants dans le futur qu'aujourd'hui" (Banque Mondiale, rapport sur le développement d'Internet, mars 1995).

Il s'agit de promouvoir les nouvelles technologies pour le plus grand nombre mais dans la plupart des initiatives internationales, G7, INFODEV de la Banque Mondiale, CEE, IUT, une seule solution est proposée : ces technologies sont présentées avant tout comme le nouveau sésame pour parvenir au développement grâce aux seules vertus de l'insertion dans le marché mondial. Selon les experts de la Banque Mondiale qui préconisent la dérégulation il s'agit de faire émerger du secteur informel des gisements de solvabilité et de mobiliser des capitaux privés dans tous les domaines même dans celui des infrastructures. Pour Elkyn Chaparro, du Département du développement des finances et du secteur privé, de la Banque Mondiale à Washington. "La concurrence mondiale dans le domaine des NTIC a pour effet de baisser les coûts de la transmission de l'information et du matériel informatique. Cette évolution serait la chance de l'Afrique, à condition que celle-ci suive le mouvement de la déréglementation et de la libéralisation économique. La Banque Mondiale, en faisant de l'essor de société de l'information un de ses nouveaux axes prioritaires, veut devenir une force pour faciliter l'expansion des NTIC"20.

Le rapport de 1998 de l'IUT est une ode à la privatisation. Pour l'UIT le principal motif de satisfaction pour les télécommunications africaines est la privatisation partielle des "opérateurs historiques" de téléphone fixe en Côte d'Ivoire, Sénégal, Guinée, Ghana et en Afrique du Sud qui tous ont introduit dans leur capital des investisseurs étrangers stratégiques et ont établi des plans de développement de quelques 20 % par an de la télédensité. D'autres pays, le Ghana, l'Ouganda, ont accordé des licences à un second opérateur et on souligne le fait qu'il y a du profit à faire avec l'importance des communications internationales. Pourtant, la majorité des grands opérateurs internationaux ne situent pas l'Afrique subsaharienne dans leur plan stratégique.

Le téléphone mobile, des opérateurs privés multiples s'introduisent sur un marché qui s'ouvre (Carte 6)

Les systèmes mobiles mondiaux de communication personnelle contribuent à l'accélération des processus de régulation des télécom-munications. Les sociétés de télécommunication font du GSM l'une des vitrines des services offerts. Les prix de la téléphonie cellulaire sont encore très élevés par rapport au système filaire, mais ils vont diminuer avec l'élargissement du marché dans les villes et la concurrence.

En 1990, seuls les trois pays du Maghreb, l'Égypte, l'Afrique du Sud, le Zaïre et le Gabon avaient des systèmes de téléphonie cellulaire et en huit ans il ne reste plus que les pays de la frange sahélienne (Mauritanie, Niger, Tchad, Erythrée Ethiopie, Somalie), la Sierra Leone et le Liberia qui ne soient pas encore concernés21. La carte et le tableau montrent une forte progression des installations en 1994-95 avec l'implantation du système numérique GSM, le réseau terrestre global de communications mobiles, qui permet de téléphoner dans le monde entier avec le même terminal et d'enregistrer des messages vocaux.

L'introduction de la téléphonie cellulaire en Afrique :

  • 1985 Tunisie
  • 1986 Afrique du Sud - Zaïre - Gabon
  • 1987 Égypte
  • 1989 Ile Maurice - Algérie - Maroc
  • 1992 Nigéria - Sénégal - Ghana
  • 1993 Burundi - Kenya
  • 1994 Angola - Cameroun - Gambie - Ghana - Madagascar - Tanzanie - (Maroc) * - (Afrique du Sud) - (Zaïre)
  • 1995 Bénin - RCA - Lesotho - Namibie - Tanzanie - Ouganda - Zambie
  • 1996 Côte d'Ivoire - Malawi - Mali - (Sénégal) -Congo -Burkina Faso
  • 1997 Mozambique - Zimbabwe -Guinée
  • 1998 Botswana
*() année d'introduction du système GSM dans des pays déjà équipés;

Le Zaïre, archétype du pays où les installations classiques sont depuis plusieurs années hors d'usage, a été pionnier en ce domaine. Dès 1986 l'opérateur privé africain Telecel installait à Kinshasa les premiers téléphones cellulaires, puis le réseau s'est étendu à Lubumbashi en 1992, Goma en 1993, puis Bukavu en 1996. Cette société a ensuite développé ses activités dans plusieurs pays, au Burundi en 1993, à Madagascar en 1994, en République Centrafricaine en 1995, en Zambie en 1996, en Côte d'Ivoire où elle aurait conquis 85 % du marché22.

L'Afrique du Sud compte parmi les dix pays les mieux équipés du monde avec un million d'abonnés en 1998 et un réseau cellulaire qui couvre la totalité du pays grâce en particulier à l'utilisation de téléphones radio à installations fixes. Le radio mobile pour abonnés fixes a l'avantage de coûter moins cher en installations même si le service est plus cher (voir Jean Marchal, les solutions techniques). Ce système implique des relais tous les 50 ou 100 kilomètres et suppose des subventions pour des cabines communautaires (15 000 en 1997). Au Ghana, Capital Telecom a installé des systèmes d'abonnés hertziens en mode stationnaire qui sont conçus pour desservir jusqu'à 50 000 abonnés dans les zones rurales en 1998. La Côte d'Ivoire dispose aussi d'un réseau couvrant depuis la terre toute sa côte ; le réseau Motorala dessert Abidjan sur un rayon de 80 km et couvre les grands faubourgs populaires qui abritent de nombreuses entreprises.

En Guinée, 300 cabines publiques GSM sont mises en service par ALCATEL depuis septembre 1997 à Conakry et à Kamsar dans la région côtière. Aujourd'hui, dans ce pays où l'Etat est très largement incapable de contrôler l'économie, la société privée qui a repris la société nationale d'électricité se révèle largement impuissante à reconstruire le réseau électrique de Conakry tellement les branchements pirates ont proliféré, (3 à 400 km, 64 % des branchements frauduleux), et la plupart des habitants ne conçoivent pas de payer une facture d'électricité. Par contre, l'opérateur malaisien qui a repris la société de télécommunications est parvenu à réorganiser le réseau en coupant les lignes des mauvais payeurs, en plaçant des clés numériques, en installant des systèmes hertziens en attendant de généraliser le cellulaire ce qui a permis au début 92 % de recouvrement. Les petites villes et ensuite les bourgs ruraux devaient être équipés de cabines cellulaires. Alors qu'il avait été impossible de réorganiser ce secteur depuis l'ouverture du pays en 1984, l'installation des moyens les plus modernes pouvait permettre un saut technologique réel mais qu'en serait-il de la maintenance et de l'entretien postérieur ? Le succès a été fulgurant, 10 000 abonnements auraient été souscrits, mais après deux ans, en avril 1999, la situation s'était à nouveau dégradée ; les relations sont mauvaises entre les Malaisiens et les Guinéens au sein de la société, ALCATEL a quitté le pays, les téléphones cellulaires sont trop nombreux par rapport à l'équipement installé, on revient au vieux système radio, la SOTELGUI est toujours en déficit et Internet fonctionne très mal. Une privatisation brutale, l'absence de société civile et d'un Etat de droit dans ce pays continuent de compromettre la quot;reconstruction"23.

Ainsi, à l'instar des pays développés, toutes proportions gardées, les réseaux cellulaires connaissent en Afrique de l'Ouest, un développement spectaculaire et les abonnements dépassent les prévisions les plus optimistes des opérateurs qui sont confrontés à des saturations et donc à des contraintes d'urgence d'extension et ce, malgré une timide politique commerciale. Au Bénin, on a compté 2 500 abonnés en moins de 8 mois (réseau analogique AMPS), au Burkina Faso, 900 abonnés en moins d'un an (réseau numérique GSM), en Côte d'Ivoire, 15 000 abonnés en moins d'un an (3 opérateurs privés, réseau numérique GSM)24. En Côte d'Ivoire en avril 1999, les abonnés au téléphone mobile étaient aussi nombreux que les abonnés au téléphone fixe (150 000).

Internet : un réseau qui s'étend rapidement (Carte 7-8-9 )

Les trois cartes montrent la progression de l'accessibilité à Internet25.

La carte 7 montre qu'en août 1996, quatre pays seulement, l'Afrique du Sud, le Kenya, l'Égypte et la Tunisie possédaient des circuits internationaux supérieurs à 64 Kb. En septembre 1997, 36 pays avaient des accès complets et un an après, en août 1998, seul le Congo n'avait encore qu'un accès au e-mail. Des plans étaient en place en République du Congo, Gambie, Liberia, Sierra Leone, Cap Vert, São Tomé et Principe, en Libye, en Erythrée et en Somalie, devant ainsi compléter l'accès du Continent tout entier. En mars 1999, seuls le Congo et la Somalie n'étaient pas encore desservis. Les liaisons ont donc considérablement progressé en extension et en volume sous l'effet d'initiatives à la fois nationales et internationales.

Le réseau intertropical d'ordinateurs (RIO) a été pionnier en Afrique francophone en offrant un service au chercheurs de l'ORSTOM et des organismes associés à partir de 1986. L'AUPELF-UREF a utilisé le Minitel pour construire un réseau pour les universitaires francophones. (voir le texte sur l'histoire d'Internet de Pascal Renaud). De son côté le "Network Startup Resource Center" (NSRC) des Etats-Unis a travaillé en Afrique du Sud de 1988 à 1991, avec Rhodes University pour établir la première connexion en montant la chaîne de technologie - FidoNet, UUCP, et enfin le premier lien TCP/IP (9.6 kbps) dans la région (http://www.nsrc.org/). Des ONG ont aussi travaillé dans ce sens. A partir de 1996, l'Initiative Leland de l'USAID a proposé des liaisons à une vingtaine de pays à travers un programme de 15 millions de dollars, application de l'idée d'une infrastructure globale de l'information lancée par le vice président américain Al Gore. Ce programme voulait à l'origine accorder 500 000 dollars à une vingtaine de pays pour des accès à 128 kb, mais sans établir de relation avec l'opérateur national. Une assistance en équipement, expertise, formation et accès gratuit pendant un an était prévue à condition que les pays s'engagent à libéraliser leur marché. En fait, la plupart des pays africains n'ont pas accepté les offres de Leland qui a du changer de politique. Sept pays seulement ont fini par accepter l'offre et ce ne sont que des opérateurs nationaux. "Les sociétés et les ONG qui montent les ISP ne voulaient rien avoir à faire avec Leland, qui a donc modifié son programme pour établir les portes d'entrée aux opérateurs publics. Il n'y a que le Mali et le Bénin qui aient accepté les offres de Leland sans trop tergiverser mais dans les autres pays ce fut très difficile à réaliser. En vérité, l'histoire du projet Leland est très compliquée" (selon Steven G. Huter NCSR le 25 juin 1998). D'abord concentrée en Afrique de l'Est, Leland s'est étendue aux pays francophones.

Les liaisons Internet se font d'abord avec la capitale. Une dizaine de pays offrent des liaisons dans la ville secondaire mais au tarif très élevé des appels à longue distance . L'Afrique du Sud ouvre ainsi des accès dans 45 villes. Par contre dans onze pays l'opérateur de télécommunications joue le jeu d'un accès universel en créant un code spécial qui permet de se connecter à Internet au coût de la communication locale dans le pays tout entier. C'est le cas au Burkina, au Gabon, au Malawi, à Maurice, en Mauritanie, au Maroc, au Niger, au Sénégal, au Tchad, en Tunisie et au Zimbabwe.

Quelle emprise en Afrique ?

Si en quelques années, le réseau Internet est devenu le plus grand réseau informatique mondial, paradoxalement pour un outil aussi médiatique, l'évaluation de son emprise est ardue (voir Michel Elie, "Décrypter les chiffres de l'Internet"). On peut se référer à trois indicateurs, les hébergements ou sites, les adresses e-mail et les utilisateurs.

Un des indicateurs le plus fréquemment utilisé est la variable machine, ("host" en anglais) site qui désigne selon la définition donnée par Michel Elie, l'ensemble des ressources effectives attachées à une adresse IP et correspondant à un nom de domaine, il traduit le mot anglais "host" tel qu'utilisé dans les statistiques de Network Wizard (voir Michel Elie).

Un site n'est donc pas à assimiler avec un "site web", affichage de contenus sur Internet, une machine connectée peut ou non comprendre un site web. L'Afrique du Sud compte de loin le plus grand nombre de sites du continent, 100 000 en 1997, 140 000 fin 1998.

Le nombre total d'ordinateurs connectés à Internet (hôte) en Afrique à l'exclusion de l'Afrique du Sud, atteint les dix mille au début de 1999. Selon Network Wizards la croissance a atteint 36 % en six mois depuis juillet 1998, (de 7 800 à 10 700). Le chiffre doit être fin 1999, de l'ordre de 12 à 15 000 en tenant compte des serveurs qui ne sont pas référencés sous des noms de domaines géographiques. Ceci représente environ un hôte pour 75 000 personnes soit 0.024 % du total mondial estimé à 43 millions. La croissance africaine est quasiment double de celle du reste du monde : 18 %. Mais on peut dire aussi que l'Afrique a autant de sites que la Lituanie qui compte 2.5 millions d'habitants (Mike Jensen).

Désormais avec l'augmentation du nombre des utilisateurs, on essaie de mesurer la pénétration d'Internet par rapport à la population, c'est la carte 8. La définition des "utilisateurs" et des "abonnés" varie. Selon les données de Network Wizard, (voir le tableau en annexe), l'Afrique aurait compté 428 000 abonnés en mars 1999. Mais le nombre de comptes partagés ou de boites aux lettres sur un même abonnement en Afrique est beaucoup plus élevé que dans beaucoup de pays développés. Le nombre d'adresses e-mail varie entre 700 000 et un million dont la plupart, 600 000, sont en Afrique du Sud (NUA Internet Surveys), mais selon Mike Jensen, on pourrait pousser le nombre d'utilisateurs jusqu'à deux millions, l'Afrique représenterait alors environ 1% du total mondial, avec 12% de la population.

L'Afrique du Sud se plaçait en 1998 au 16e rang des 159 pays équipés du monde avant l'Autriche, la Nouvelle Zélande ou le Brésil. L'Afrique anglophone est nettement mieux équipée que l'Afrique francophone, mais la Côte D'Ivoire, le Sénégal, le Mali se montrent particulièrement dynamiques.

La maturité du marché du service Internet se mesure au nombre de fournisseurs d'accès en compétition. Les pays qui en ont plusieurs ont le plus grand nombre d'utilisateurs : l'Egypte, le Maroc, le Zimbabwe, le Kenya, le Mozambique, la Tanzanie et en Afrique de l'Ouest, la Côte d'Ivoire, le Ghana, le Sénégal. Arrivent ensuite le Bénin, le Cameroun, Madagascar et le Nigeria dont le marché commence à peine à se développer.

Si quelques circuits se connectent au Royaume-Uni et en France, la plupart se connectent aux États-Unis où les principaux fournisseurs de service sont : ATT, Global One, UUNET, Alternet, MCI, NSN, Sprint et BBN. France Télécom FCR dispose de plus de connections avec l'Afrique que tout autre fournisseur en raison des liens étroits avec l'Afrique francophone.

En dehors de la fibre optique du câble Marseille-Singapour par laquelle l'Afrique du Sud se relie via Djibouti, la plupart des autres connections se font par satellites, sauf pour les pays frontaliers de l'Afrique du Sud qui se connectent directement à elle.

En Afrique du Sud

L'Afrique du Sud constitue encore une fois une exception, car il y existait déjà 27 fournisseurs d'accès à la fin de 1995 (Johannesburg, Durban, Cape Town, Pretoria), plus des cybercafés (Johannesburg, Cape Town). Ce démarrage est venu entre autres choses de secteurs spécialisés comme celui du pétrole, qui disposait d'applications intéressantes pour les investisseurs et hommes d'affaires (notamment African Information Database au Cap, sur l'Afrique et le secteur pétrolier africain) ou la presse (the Star à Johannesburg) gérée par le journal the Star et South African Times, qui offrent l'édition électronique du Star et d'autres journaux du pays, et aux nouvelles de la South African Broadcasting Corporation et de Channel Africa. Les universités, le Parlement, la ville du Cap, et d'autres institutions sont aussi accessibles par Internet.

L'Afrique du Sud et ses voisins (Zimbabwe, Zambie et Swaziland) utilisent comme fournisseur d'accès Internetworking Africa.

Celle-ci assume très nettement une position de pilote à l'échelle régionale, et semble vouloir s'appuyer sur ce secteur pour faire évoluer sa situation tant économique que politique, ainsi que pour jouer le rôle de pôle d'attraction et de développement régional que lui souhaitent ses autorités. Elle a "retrouvé sa place dans l'UIT et sa participation active dans l'Union panafricaine de télécommunications (PATU) et dans la SATCC, la communauté de transport et de télécommunication en Afrique australe, est imminente"26. Elle a lancé un cri d'alarme au cours du G7 de Bruxelles (24-26 février 1995) sur la situation déplorable et s'est positionnée comme partenaire privilégié des instances internationales décidées à oeuvrer dans ce domaine, comme par exemple l'Union Européenne. Cette dernière, qui encourage l'intégration régionale sur les autres continents, fait des télécommunications un élément important de sa démarche.

Ainsi, l'UE a aidé la SADC, dont l'Afrique du Sud est membre à part entière, à hauteur de 120 millions d'ECU pour la période 90-95, avec pour premier poste les Transports et Communications27. L'Afrique du Sud vise en outre une intégration totale ou partielle à la Convention de Lomé, qui lui permettrait de faire le lien, au moins sur une partie du Continent, entre les pays avancés et les autres. Elle a pris des initiatives supplémentaires au niveau du G7, notamment en organisant en 1996 une Conférence sur la société de l'information et les PVD, assistée par la Commission Européenne.

En cherchant à s'intégrer totalement ou partiellement à la Convention de Lomé, en proposant sa candidature à des projets ouverts par le G7 à des partenaires extérieurs, notamment en soulignant indirectement son refus de devenir simple utilisateur de ces technologies de pointe, elle se positionne comme un partenaire dont il faudra tenir compte.

Câbles ou satellites ?

La demande de réseaux à large bande atteint à l'échelle mondiale une ampleur sans précédent. Le boom de la demande liée au web a été particulièrement remarquable en 1998 : pour la première fois le trafic de données à travers l'Atlantique et le Pacifique a été plus important que le trafic téléphonique. La demande mondiale est portée par Internet mais aussi par la déréglementation, avec plus de 4 000 nouveaux opérateurs qui ont pour objectif de proposer à leurs clients une capacité de transmission peu coûteuse et de qualité. Après une guerre sans merci qui a duré une trentaine d'années, les câbles optiques et les satellites s'avèrent aujourd'hui complémentaires28.

On fait de plus en plus appel aux satellites pour raccorder des zones isolées et pour assurer une couverture nationale et internationale. Au Zaïre, Telecel utilise INTELSAT pour relier entre eux ses systèmes cellulaires dans six villes et pour offrir des services interurbains et internationaux. Au Ghana, la société Milicon a loué des lignes à INTELSAT pour raccorder ses réseaux cellulaires d'Accra et de Kamasi et envisage d'en faire autant pour d'autres villes.

L'extension des réseaux internationaux passe par leur numérisation, qui offre une meilleur qualité de services, un moindre entretien et, probablement, un coût unitaire (par ligne) plus bas. Il existe plusieurs projets concurrents dont un projet initialement lancé par AT&T et rejoint par ALCATEL, d'installation d'un réseau sous-marin en fibre optique formant un anneau autour de l'ensemble du continent. D'une ampleur de plus de 39 000 kilomètres, Africa One peut être intégré à d'autres technologies pour raccorder toutes les nations africaines, y compris les pays intérieurs. De plus, Africa One constituerait une liaison directe entre le Continent et des pays non africains tels que l'Italie, le Portugal, la Grèce, l'Arabie Saoudite et l'Espagne, et assurerait la pleine connexion avec le reste du monde par des câbles intercontinentaux. Mais se pose le problème d'aller chercher les utilisateurs, du raccordement.

Le câble est adapté aux zones côtières densément peuplées mais renforcerait les structures géographiques existantes en accentuant le déficit relatif du reste du pays. Les satellites de communication sont par contre plus géographiquement égalitaires. Le choix entre le câble, les satellittes ou l'association des deux se pose donc pour l'Afrique. Le réseau d'Africa One reçoit le soutien de la Regional Africa Satellite Communications Organization (RASCOM) et de l'Union Panafricaine de Télécommunications (UPAT), mais la mobilisation des financements pose encore problème car AT&T n'assurerait que 20 % du coût29 ?

Les systèmes satellitaires à basse orbite peuvent permettre à la fois d'équiper en télécommunications les zones rurales peu peuplées et de fournir à une élite des accès directs par un système de décodage. Dans une économie de marché, le choix appartient davantage au vendeur qu'à l'utilisateur mais les Etats ont aussi un rôle à jouer pour promouvoir un service universel. L'organisation RASCOM est issue d'une initiative africaine qui affiche sa volonté de s'affranchir de la dépendance du Continent vis-à-vis du reste du monde dans le secteur des télécommunications ; elle se présente comme "la solution africaine formulée par les pays africains pour répondre à leur besoins spécifiques tels que identifiés par eux mêmes"30. Créée en 1992, RASCOM regroupe aujourd'hui 43 pays africains31 (l'Afrique du Sud ayant rejoint le groupe le dernier en mai 1997). La mission qu'elle s'est fixée est de mettre à la disposition de chaque pays africain des moyens efficaces et économiques de télécommunications et de répondre aux besoins de ces régions en matière de radiodiffusion sonore et télévisuelle par le recours à des technologies appropriées, en particulier des communications par satellites convenablement intégrées aux réseaux existants (Anne Ducreux32).

Des études de l'UIT pour RASCOM montrent que de tels systèmes peuvent être rentables en Afrique en zones peu peuplées. De petits terminaux terrestres pour des cabines téléphoniques à très faible coût installées à moins de cinq kilomètres des zones habitées (avec de petites antennes et des panneaux solaires peu coûteux) pourraient être développés à grande échelle. Ainsi les technologies numériques seraient accessibles aux plus pauvres. Cette option tarde à être mise en place et le risque existe que ces technologies soient réservées à une clientèle plus retreinte mais beaucoup plus solvable. L'échec récent d'Iridium qui visait ce type de clientèle (voir le texte de Jean Marchal) peut remettre en vigueur l'idée de développer plutôt la téléphonie rurale ? Les décisions de RASCOM butent sur les difficultés d'une entente entre les Etats et sur celle de réunir les financements nécessaires.

Les accès à la télévision par satellite se multiplient un peu partout en Afrique dès qu'il y a l'électricité, dans les petites villes des "cinémas" s'ouvrent qui proposent des programmes de chaînes étrangères. Des projets de téléphonie rurale voient le jour . Il en existe dans la vallée du Fleuve Sénégal, région de fortes migrations, pour équiper 60 villages en télécommunications.

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Conclusion : quels usages, quels risques ?

En Afrique la messagerie électronique répond à un véritable besoin de la clientèle solvable en messagerie, un besoin supérieur à celui d'un pays développé où d'autres moyens sont disponibles. Ainsi, malgré des prix encore trop élevés et des accès restreints, il n'existerait de liens spécialisés "back bone" qu'en Afrique du Sud, le courrier électronique est désormais en Afrique le moyen le moins onéreux pour communiquer en international. Au Ghana par exemple, la transmission d'un message de 2 000 mots par Internet coûtait 174 fois moins cher que par transmission vocale classique entre La Haye et Accra. Dès la fin de l'année 1996 le ratio de 3 % (600 clients de messagerie électronique pour 20 000 lignes principales au Mali sans compter les adresses de l'ORSTOM, de l'ordre de 300 et les adresses de l'AUPELF UREF), était le double du ratio français (1,5 % avec 500 000 boîtes à lettres électroniques pour 33 millions de lignes France Télécom) alors que l'accès complet Internet au Mali est postérieur, il date de juillet 1997. La croissance de ce service à valeur ajoutée était bien supérieure à la croissance du parc de lignes principales (12 % par mois, à comparer avec une croissance du parc de lignes principales comprise entre 3 et 12 % par an). La croissance du trafic par boîte à lettres électroniques était encore supérieure : chaque boîte à lettres consommant de plus en plus en moyenne, ce qui signifie que les usages vont croissant33.

Au Ghana le courrier peut s'échanger par Internet. Le fournisseur d'accès Africa-on-Line a signé un accord d'exclusivité avec les Postes nationales ghanéennes qui permet la transmission du courrier par Internet. Le fournisseur d'accès offre gratuitement une adresse électronique à tout Ghanéen qui en fait la demande. Muni de celle-ci il peut se présenter à un bureau de poste, remettre sa lettre à un employé qui la transcrit sur ordinateur et l'expédie via Internet. Les coûts de transmission du message sont de 1,50 FF ou 2,50 FF (selon deux sources différentes). En deux mois, 30 000 lettres auraient ainsi été expédiées dans un pays qui ne compterait que 20 000 ordinateurs dont moins de 10 % seraient reliés à Internet (forum GKD).

Dans les univers modernes, les centres des capitales, les usages d'Internet sont semblables à ceux du monde développé et les accès publics, les cyber-cafés connaissent un grand succès. A Dakar, au Metissacana, premier cyber-café du Continent, il faut mettre en place des listes d'attente le vendredi soir. Quelques télécentres donnent accès au réseau (voir notre texte sur les échanges au Sénégal).

Ces nouveaux outils participent au désenclavement de pays isolés et sont porteurs d'une utopie d'égalité et d'ubiquité en permettant de s'affranchir des contraintes de distance et de localisation pour participer au savoir mondial. Pascal Renaud compare Internet à une gigantesque encyclopédie dont les volumes devraient être rendus accessibles à tous dans l'esprit des encyclopédistes du XVIIIème siècle34.

Si cette insertion dans le système mondial de l'information suscite l'espoir d'accomplir un saut technologique qui contribuerait à résoudre les problèmes régionaux, les enjeux et les risques sont perçus en Afrique de manière réaliste étant donné les fortes contraintes liées au sous-développement. Selon des enquêtes menées au Sénégal35, la technologie et particulièrement les TIC sont vues au coeur de grandes manoeuvres pour le contrôle des marchés, des idées et des systèmes de valeur et seront demain un des principaux facteurs discriminants entre pauvres et riches. L'accès rapide à l'information économique peut faciliter le commerce, permettre des gains de productivité. Les échanges d'information scientifique contribueront au renforcement des capacités scientifiques endogènes mais il est nécessaire de ne pas se laisser submerger par les contenus du Nord et comme l'exprimait un journaliste "de mettre ses propres voitures sur les autoroutes de l'information" Les Africains ajoutait-il, "ne doivent pas être de simples consommateurs mais faire la promotion de leurs cultures et savoir faire endogènes".

En perspective, l'ère du décodeur, service universel ou contournement du territoire ?

Quand la relation avec le client se fait directement par l'intermédiaire d'un décodeur le risque existe d'un contournement du territoire de l'Etat. C'est le cas dans des projets de télécommunication directe par satellite, tel qu'Inmarsat, Iridium ou dans une moindre mesure Global Star (voir le texte de Pascal Renaud, "La désertification technologique du Sud"). Au début de 1998, la principale société qui commercialisait de tels systèmes à Paris faisait 80 % de son chiffre d'affaires avec des clients africains. Alors que les fréquences hertziennes sont attribuées par les États seront-ils capables de les contrôler quand ce sont les plus riches, souvent les plus proches du pouvoir qui peuvent acquérir de tels moyens ? Le dernier projet en date, celui de Bill Gates, Teledesic, qui accaparerait certaines orbites, est contesté par les Européens qui présentent un projet concurrent, mais l'hégémonie américaine tend à s'affirmer toujours davantage dans ce secteur hautement stratégique et rentable.

Avec l'installation des satellites basse orbite, l'échelle de l'Etat et de la nation risque de se trouver contournée à la fois par le haut et par le bas :

- par le haut par l'emprise des réseaux gouvernés par les pays du Nord. La décennie quatre-vingt dix s'est ouverte de façon emblématique par la guerre du Golfe gigantesque jeu vidéo en vrai grandeur où les performances des technologies de la communication ont été testées et où la télédétection a joué un rôle majeur dans la conduite au sens propre de la guerre : ciblage des tirs, repérage des troupes. Dans des domaines moins dramatiques, les satellites d'observation de la terre peuvent pallier en grande partie la carence très générale des services statistiques en Afrique sur les usages des sols, les ressources et leurs limites ;

- par le bas par la prolifération d'entités fonctionnant comme des isolats sur leur territoire local mais reliées à l'extérieur. La remise en cause de l'État, du territoire et aussi des cultures locales serait donc particulièrement effective pour les NTIC.

En s'affranchissant de la matérialité du territoire, ces technologies ne vont-elles pas plutôt accentuer les différenciations spatiales, la tendance au développement d'espaces de pénurie autour d'oasis bien équipées : la capitale relais du Nord, les communautés sous projet. La question des infrastructures de télécommunications est liée à celle des infrastructures et des équipements en général que l'Etat a pour fonction d'entretenir. La transmission d'informations sur la santé par Internet est certes importante pour un médecin mais faut-il encore pouvoir transporter le malade à l'hôpital. L'Etat, le droit et les réseaux sont intimement liés dans un processus de développement. Des technologies mobiles et numériques ne sont-elles pas par contre compatibles avec des économies du type de celle des chefs de guerre, du Liberia, de l'ex-Zaïre, de l'Angola ?

Les Etats sauront-ils mettre en place des systèmes de régulation afin de rechercher une équité socio-spatiale dans la diffusion de ces outils ; les techniques le permettent mais la mise en oeuvre ne peut pas appartenir au seul marché, et la nouvelle approche institutionnelle au niveau des instances de coopération internationales permettra peut être de réduire la pression des tenants du pur libéralisme sur les Etats africains ?

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Notes

1. Voir Ba A.1995. Paraboles et démocratie, L'Harmattan et Jean Tudesq, "L'espoir et l'illusion, actions positives et effets pervers des médias en Afrique sub-saharienne". MSHA, Talence 1998. [retour]

2. En particulier celui du Monde Diplomatique (<nsnet@london.monde-diplomatique.fr>) qui a duré plus d'un an et demi de 1996 au début de 1998 - celui de la Banque Mondiale, global knowledge, GDK <gkd@tristram.edc.org> et celui de l'AISI, African Development Forum, 1989 Discussion <aisi-hitd-l@lyris.bellanet.org>.[retour]

3. Ce qui est le cas dans les pays industrialisés où à l'inverse l'électrification et l'interconnexion des réseaux physiques est un fait acquis qui semble aller de soi et que l'on ne voit même plus alors que ces systèmes complexes sont très fragiles. Annie Chéneau-Loquay, "Les relations entre l'État, le droit et les réseaux techniques sont elles obligatoires dans le processus de modernisation ? Réflexion à partir du cas africain". Communication au colloque, Universalisme Technique et Mondialisation, novembre 1996, Bordeaux Talence, à paraître aux éditions Economica.[retour]

4. Dans la mesure où les obstacles physiques demeurent ; les coûts d'entretien d'un véhicule en Afrique sont de deux à trois fois plus élevés qu'ailleurs et les échanges formels il est vrai, entre le continent et le reste du monde ont tendance à diminuer : moins de 2 % des échanges mondiaux aujourd'hui.[retour]

5. Chéneau-Loquay A. 1998, "Do socio-territorial configurations in Africa favour the insertion of new information and communication technologies ?" In NETCOM, vol. 12, n° 1, 1998, 25 p.[retour]

6. Notion développée par les géographes, en particulier par Olivier Dollfus dans le premier tome de la Géographie Universelle, Mondes nouveaux, Hachette Reclus 1990 et dans l'ouvrage "Le Monde espace et systèmes" de la Presse de la Fondation Nationale des Sciences Politiques et Dalloz, par Marie Françoise Durand, Jacques Levy, Denis Retaillé, 2ème édition, 1993.[retour]

7. Chéneau-Loquay A., "La Guinée en crise, quelles relations entre État, territoire et développement?", papier UMR Regards. Voir en troisième partie l'article de Katherine Verrier.[retour]

8. Bayart J.F. (dir), La réinvention du capitalisme, Les trajectoires du politique, Paris, Karthala, 1994.[retour]

9. Durand M.F., Lévy J., Retaillé D. op cité, note 6.[retour]

10. Cahier Sciences Humaines, mars 1997, et surtout Marie Claude Cassé "Réseaux de télécommunications et production de territoire", Sciences de la Société, in Territoire Société et Communication, Presses Universitaires du Mirail, 1995.[retour]

11. Bach D.C., Kirk-Greene A. (dir), États et sociétés en Afrique Francophone. Economica, Paris, 1993.[retour]

12. Pour un observatoire de l'insertion des NTIC en Afrique (projet FAC-COOPTIC), Ministère des Affaires Etrangères français.[retour]

13. Lignes principales pour l'UIT désigne une ligne téléphonique qui relie l'équipement de l'abonné au réseau public commuté, il est synonyme de poste principal ou de ligne directe de central (50 lignes commutées peuvent desservir 500 postes supplémentaires).[retour]

14 . Voir Igue et Soule "L'Etat entrepôt au Bénin", Paris, Karthala, 1991.[retour]

15. Voir Coste J., Egg J., 1991, (coordonnateurs) Échanges céréaliers et politiques agricoles dans le sous espace Ouest (Gambie, Guinée Bissau, Guinée, Mauritanie, Mali, Sénégal), rapport de synthèse, INRA-IRAM-UNB et OCDE-CILSS.[retour]

16. "Pris dans la toile : réseaux, mutations et conformité à l'ère l'informatique". Gene I. Rochlin, energy and ressource group et Institute of government studies, University of California, Berkeley. dans actes du colloque technologies du territoire, Paris, 25 et 26 septembre 1995, Groupement de Recherche 903, Réseaux - CNRS.[retour]

17. Yvonne Mignot Lefèvre a montré combien les relations entre technologies de la communication et développement ont une histoire déjà ancienne au Sud, marquée par la mythologie du progrès linéaire. Voir les deux numéros de la revue Tiers Monde 1987 et 1994 qu'elle a dirigés (références en bibliographie). [retour]

18. Pour les plus connus : - Alvin Tofler ("La troisième vague" et "Guerre contre guerre"), - Nicolas Negroponte ("L'homme numérique") - et le discours du vice-président des États-Unis Al Gore sur une infrastructure globale de l'information à l'Union Internationale des Télécommunications à Buenos Aires le 21 mars 1994. Relayés en France par Joël De Rosnay ("L'homme symbiotique").[retour]

19. "L'Afrique qui gagne" communication au colloque l'Afrique et les nouvelles technologies de la communication, Genève 17 octobre 1996, repris dans le CD-ROM "Internet au Sud".[retour]

20. "Concurrence mondiale et NTIC : la chance de l'Afrique" colloque L'Afrique et les NIT, Fondation du devenir octobre 1996. Discours de Elkyn Chaparro, Département du développement des finances et du secteur privé, Banque Mondiale, Washington <http://www.anais.org>.[retour]

21. selon les données d'African cellular system <http:// cellular.co.za./africa-cellsystems.html> [retour]

22. Selon une étude de Telex confidentiel (n° 298, décembre 1996).[retour]

23. "Des stratégies internationales aux usages locaux, quels sont les enjeux de l'insertion de l'Afrique dans les reseaux de communication mondiaux ?" Chéneau-Loquay A., in colloque EADI, 1999. [retour]

24. Lettre n° 1 de l'Observatoire des Télécommunications Africaines, septembre 1997. [retour]

25. Pour tout ce qui concerne l'installation d'Internet, il faut se référer au travail très précis de Mike Jensen qui met constamment à jour les données, globalement et par pays et qui renvoie à d'autres sites traitant de la question, à l'adresse : <http://demiurge.wn.apc.org:80/africa/afstat.htm>.[retour]

26. Hegel Goutier, "Pays en développement : pour ne pas rester au bord de l'autoroute", I&T Magazine, n° 18, oct. 1995.[retour]

27. L'aide de l'Union Européenne en matière de télécommunications pour les pays ACP relève du FED (Fonds Européen de Développement), et éventuellement d'interventions de la BEI (Banque Européenne d'Investissement), de capitaux à risque, et de bonifications d'intérêts sur les ressources du FED, gérés par lui-même. Le développement des services ruraux et le matériel de transmission par satellites sont des interventions privilégiées. C'est la Direction générale "Développement" de la Commission qui assure la gestion du FED, qui oriente son action essentiellement en direction des infrastructures. Les aspects de R&D et de diffusion des technologies innovatrices sont pris en charge par la DG XIII. [retour]

28. News link, le magazine international d'Alcatel, vol VI n°2, 2ème trimestre 1999, dossier "Le boom des réseaux sous-marins".[retour]

29. Voir Michel Hegener sur Internet, mh@nrc.nl>.[retour]

30. Présentation de RASCOM lors de la Conférence sur la connectivité globale en Afrique, Addis Abeba, 2-4 juin 1998.[retour]

31. Tous les pays africains à l'exception du Bostwana, la Guinée Equatoriale, l'Erythrée, le Rwanda, Madagascar, le Maroc et la Somalie.[retour]

32. Les satellites une solution pour l'Afrique, par Anne Ducreux, Ecole Nationales des Ponts et Chaussées 1997).[retour]

33. Enquêtes du Ministère des Affaires Etrangères, Jean Marchal, inédit 1997. [retour]

34. Pascal Renaud, voir le site de l'initiative Diderot pour le développement d'Internet, <http://www.rio.net/diderot/ID.html>.[retour]

35. Enquêtes personnelles en février 1996 à Dakar et étude du CRDI préparation pour l'initiative ACACIA, janvier 1997 <http://www.idrc.ca/acacia/outputs/op-seng.htm>.[retour]

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Annexe

Données Internet de l'Afrique en mars 1999

Pays

Abonnés Internet

Débits nationaux
(Kbps)

Accès Publics ISP

Monopole d'appel

Coût Population Internet
($/hr)

Est 1998
/Person (x1000)

Densité
(Pop/util.)

GDP 96

                 

Total

428075

114454

319

 

2.7

778456

1,819

 

Sans Afrique du Sud

178075

34454

249

   

734160

4,123

 
                 

Algérie

750

64

1

Oui

 

30175

40,233

1531

Egypte

40,000

2048

40

Non

1.20

65675

1,642

973

Libye

50

256

1

Oui

 

5980

119,600

5498

Maroc

20,000

8192

70

Non

0.85

28012

1,401

1265

Tunisie

7,000

5120

2

Non

 

9497

1,357

2030

Af.Sud

250,000

80000

70

Non

1.60

44296

177

3230

Kenya

15,000

4000

10

Non

1.36

29020

1,935

330

Ghana

13,000

512

3

Non

1.34

18857

1,451

397

Ouganda

12,000

512

3

Non

8.40

21318

1,777

305

Zimbabwe

10,000

2048

13

Non

4.00

11924

1,192

786

Maurice

12,000

1024

1

Oui

1.00

1154

96

3508

Mozambique

5,000

572

8

Non

0.80

18691

3,738

77

C. Ivoire

4,500

384

5

Non

4.80

1135

252

131

Zambie

3,500

256

2

Non

1.60

8690

2,483

382

Sénégal

3,000

1000

6

Non

1.90

9001

3,000

572

Nigéria

3,000

1152

12

Non

0.40

121773

40,591

587

Tanzanie

3,000

1098

10

Non

1.94

32189

10,730

139

Burkina

2,500

256

3

Non

1.10

11402

4,561

165

Ethiopie

2,400

512

1

Oui

2.60

62111

25,880

96

Cameroun

2,000

256

1

Non

1.55

14323

7,162

627

Malawi

2,000

128

1

Oui

1.56

10377

5,189

142

Namibie

2,000

1000

5

Non

1.00

1653

827

2059

Bénin

2,000

128

6

Non

4.80

5881

2,941

391

Angola

1,750

192

2

Non

6.00

11967

6,838

355

Togo

1,700

384

7

Non

 

4434

2,608

322

Botswana

1,000

640

3

Non

0.60

1551

1,551

3640

Gabon

1,000

512

2

Non

13.90

1171

1,171

5007

Seychelles

1,000

128

1

Oui

 

76

76

7272

Swaziland

900

64

2

Non

0.95

932

1,036

1389

Mali

750

128

4

Non

2.80

11831

15,775

223

Madagascar

700

256

3

Non

0.43

16348

23,354

215

Rep Congo

500

64

1

Non

 

49208

98,416

117

Soudan

300

128

1

Non

 

28527

95,090

36

Djibouti

300

64

1

Oui

1.00

651

2,170

893

Erytrée

300

29

0

N/A

0.60

3548

11,827

96

Guinée

300

128

4

Non

2.00

14567

48,557

736

Niger

300

192

1

Oui

1.31

10119

33,730

207

Tchad

300

64

1

Oui

10.50

6892

22,973

187

Comores

200

64

0

Oui

0.20

672

3,360

367

Guin.Equat

200

64

1

Oui

 

430

2,150

388

Lesotho

200

10

0

Non

1.60

2184

10,920

486

R.C.A.

200

64

1

Oui

6.90

3489

17,445

379

Burundi

150

19

1

Non

0.75

6589

43,927

205

Gambie

150

128

1

Non

1.20

1194

7,960

321

Guin.Bissau

150

64

1

Oui

 

7673

51,153

442

Sier.Léone

150

128

2

Non

1.50

4576

30,507

293

Rwanda

100

128

1

Oui

 

6527

65,270

238

Mauritanie

100

128

1

Non

6.60

2454

24,540

401

Liberia

75

64

0

Non

 

2748

36,640

1124

Cap Vert

50

19

1

Oui

 

417

8,340

994

Sao Tome

50

19

1

Oui

 

117

 

49

Somalie

0

0

0

n/a

 

10653

 

119

Congo

0

0

0

n/a

 

2822

 

1008

"Pop/Util." est le nombre de personnes du pays pour un utilisateur d'Internet, le coût de l'appel s'entend en dollar US par heure

source : Mike Jensen <mikej@sn.apc.org>

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Références

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Responsable du projet :
Annie Chéneau-Loquay
Directrice de recherche CNRS
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Maison des Suds
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